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Open web : pourquoi ça ne paie plus (et comment y survivre quand même)

Open web : pourquoi ça ne paie plus (et comment y survivre quand même)

cover open web built by nathan
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L'open web existe encore. Techniquement, il va même bien : 1,8 milliard de sites actifs, des milliards de pages indexées, des millions d'articles publiés chaque jour. Le problème, c'est qu'il ne nourrit presque plus personne. Les créateurs migrent vers Substack, les marques concentrent leurs budgets sur Meta Ads, les éditeurs multiplient les paywalls, et Google transforme progressivement son moteur en plateforme fermée. Ce n'est pas une question de nostalgie. C'est une question de viabilité économique. Voici pourquoi l'open web s'est effondré comme modèle de monétisation, qui s'en sort quand même, et surtout : comment faire partie de ces survivants.

Rappel rapide, définition : c'est quoi l'open web ?

Avant de parler économie, clarifions rapidement ce dont on parle.

L'open web, c'est tout ce qui sur Internet est :

  • Accessible librement (sans login obligatoire)
  • Indexable par les moteurs de recherche
  • Basé sur des standards ouverts (HTML, HTTP, RSS)
  • Interconnecté par des liens hypertextes

En gros : les sites, les blogs, les médias en ligne, les boutiques e-commerce indépendantes.

Le web fermé (ou walled gardens), c'est l'inverse :

  • Facebook, Instagram, TikTok, LinkedIn
  • Les apps mobiles natives
  • Les plateformes où le contenu existe mais ne sort jamais (pas de lien externe, pas d'indexation Google)

La différence fondamentale : sur l'open web, vous possédez votre distribution. Sur le web fermé, vous louez votre visibilité à un algorithme.

Le vrai problème : l'open web ne finance plus rien

Tout le monde parle de "la mort de l'open web".

En réalité, le web n'est pas mort. Il est juste devenu économiquement invivable pour 95% des acteurs.

Les revenus publicitaires se sont effondrés

En 2010, un site avec 100 000 pages vues/mois pouvait espérer 2 000-3 000€ de revenus publicitaires (display classique).

En 2025, le même trafic génère entre 200 et 500€.

Les CPM (coût pour mille impressions) ont chuté de façon vertigineuse :

  • CPM moyen en 2012 : 15-25€
  • CPM moyen en 2025 : 2-5€ (hors secteurs premium comme la finance)

Pourquoi ? Parce que l'offre d'espaces publicitaires a explosé (des milliards de pages), tandis que la demande s'est concentrée sur quelques plateformes (Google, Meta, TikTok).

Résultat : le modèle "faire du trafic + monétiser en display" ne fonctionne plus, sauf pour les très gros volumes (plusieurs millions de visiteurs/mois).

Le coût d'acquisition a explosé

Dans le même temps, acquérir du trafic est devenu hors de prix.

Les CPCs (coût par clic) sur Google Ads ont augmenté en moyenne de 60-80% entre 2019 et 2025, selon les secteurs. Sur certaines verticales (assurance, finance, B2B SaaS), un clic coûte 15-50€.

Pour qu'un site e-commerce ou un média reste rentable, il faut donc :

  • Soit un taux de conversion élevé (>5%)
  • Soit une valeur client énorme (LTV > 1000€)
  • Soit une fidélisation massive (abonnés, newsletter, retours organiques)

La plupart des acteurs n'ont aucun de ces trois leviers. Ils dépensent plus qu'ils ne gagnent.

Le trafic organique s'est tari

Le SEO reste viable, mais les volumes ont chuté.

Selon les données consolidées de plusieurs études (SparkToro, SimilarWeb, Sistrix), environ 60% des recherches Google en 2025 se terminent sans clic sortant. L'utilisateur trouve sa réponse directement dans :

  • Les Featured Snippets
  • Les AI Overviews
  • Les Knowledge Panels
  • Les modules Shopping intégrés

Pour les sites qui vivaient du SEO, ça veut dire :

  • 40% de trafic en moins par rapport à 2020
  • Une concurrence accrue sur les requêtes restantes
  • Et des positions 1-3 qui concentrent désormais 80% des clics (contre 60% avant)

Bref : si vous n'êtes pas dans le top 3, vous n'existez pas.

Le modèle "affiliate + contenu" est en crise

L'affiliation, qui permettait à des milliers de sites de vivre (comparateurs, guides d'achat, reviews), est elle aussi sous pression.

Amazon a réduit ses commissions de 8% à 3-4% sur la plupart des catégories. Les autres programmes suivent. Et Google pousse de plus en plus ses propres modules Shopping, court-circuitant les sites affiliés.

Les acteurs qui s'en sortent encore sont ceux qui ont :

  • Une audience propriétaire fidèle (newsletter, communauté)
  • Des deals directs avec les marques (pas de plateformes intermédiaires)
  • Une expertise verticale forte (niche très spécialisée)

Les autres périclitent.

Qui s'en sort encore, et comment ?

L'open web n'est pas mort. Mais il s'est segmenté en deux mondes.

Le monde des "gagnants" : ceux qui possèdent leur audience

Les acteurs qui réussissent encore sur l'open web ont tous un point commun : ils ne dépendent plus du trafic aléatoire.

Exemples :

1. Les newsletters premium (Substack, Beehiiv, Ghost)

  • Lenny's Newsletter (B2B/Product) : 500k+ abonnés, ~10M$ de revenu annuel
  • The Hustle (business/tech) : vendu à HubSpot pour 27M$ en 2021
  • Morning Brew : 4M d'abonnés, valorisé à 75M$ avant rachat

Leur modèle : trafic organique initial (SEO, social), conversion en abonnés email, monétisation directe (abonnements payants, sponsoring premium).

2. Les médias à modèle hybride (paywall + communauté)

  • Mediapart (France) : 220k abonnés payants, 100% indépendant
  • The Information (tech) : 100k abonnés à 400$/an
  • Stratechery : newsletter solo de Ben Thompson, 30k+ abonnés payants

Leur force : contenu exclusif impossible à trouver ailleurs, relation directe avec les lecteurs.

3. Les marques qui utilisent le contenu pour vendre (e-commerce content-driven)

  • Patagonia : blog environnemental qui génère 40% de leur trafic organique
  • HubSpot : blog marketing qui attire 6M de visiteurs/mois, convertis en leads puis clients
  • Notion : documentation publique qui sert de SEO et d'onboarding produit

Leur logique : le contenu n'est pas monétisé directement, il sert à attirer et convertir vers un produit/service à forte marge.

4. Les niches ultra-spécialisées avec communauté captive

  • Indie Hackers : communauté de créateurs indie, racheté par Stripe
  • Hacker News : forum tech qui génère des millions de pages vues sans pub
  • Product Hunt : lancement de produits, monétisé via sponsoring et placements

Leur secret : audience hyper-qualifiée, engagement fort, monétisation indirecte (acquisitions, placements premium, services B2B).

Ce qu'ils ont tous en commun

Ces acteurs partagent plusieurs caractéristiques :

  1. Ils possèdent une base de contacts directs (email, membres, abonnés) qu'ils peuvent réactiver sans dépendre d'un algorithme
  2. Ils monétisent autrement que par la pub display (abonnements, services, produits, deals directs)
  3. Ils produisent du contenu impossible à reproduire par une IA (expertise pointue, données propriétaires, analyse originale)
  4. Ils construisent sur la durée (5-10 ans pour atteindre la rentabilité)

Ce qui exclut 90% des projets web actuels.

Comment survivre sur l'open web en 2025 : 4 stratégies viables

Si vous voulez exister sur l'open web sans dépendre d'un algorithme ou d'une plateforme fermée, voici les seules stratégies qui fonctionnent encore.

1. Construire une audience email propriétaire

Tout le monde dit "faites une newsletter", mais peu le font correctement. Alors comment faire ?

Phase 1 : Acquisition (0-1000 abonnés)

  • Publier 1-2 articles/semaine avec un CTA email en fin d'article
  • Offrir un lead magnet de vraie valeur (template, checklist, mini-formation)
  • Optimiser pour le SEO longue traîne (requêtes < 500 recherches/mois, faible concurrence)
  • Budget : 0€ si vous produisez vous-même, ou 500-1000€/mois si vous sous-traitez

Phase 2 : Engagement (1000-10000 abonnés)

  • Envoyer 1 email/semaine minimum (rythme régulier = clé de la rétention)
  • Tester 3 formats différents pendant 3 mois : curation de liens, analyse longue, cas pratique
  • Mesurer : taux d'ouverture (> 40% = bon), taux de clic (> 5% = bon), désabonnements (< 0.5% = bon)
  • Segmenter progressivement votre base (par intérêt, comportement, niveau d'engagement)

Phase 3 : Monétisation (10000+ abonnés)

  • Option A : Sponsoring direct (1000-5000€/envoi selon la niche)
  • Option B : Abonnement premium (5-20€/mois pour du contenu exclusif)
  • Option C : Vente de produits/services (cours, consulting, logiciel)

Benchmarks :

  • Taux de conversion visiteur → abonné : 2-5%
  • Taux de conversion abonné gratuit → payant : 1-3%
  • Revenu moyen par abonné payant : 100-150€/an

Outils :

  • Substack (gratuit jusqu'à monétisation, puis 10% de commission)
  • Beehiiv (30$/mois, plus de fonctionnalités que Substack)
  • ConvertKit (29$/mois pour 1000 contacts, focus créateurs)

2. Parier sur le SEO de niche (pas le SEO de masse)

Le SEO n'est pas mort, mais il s'est radicalement transformé.

✕ Ce qui ne marche plus :

  • Articles génériques type "10 conseils pour..."
  • Contenu optimisé pour des mots-clés à fort volume (>10k recherches/mois)
  • Sites sans expertise démontrée (Google privilégie l'E-E-A-T : Experience, Expertise, Authority, Trust)

✓ Ce qui marche encore :

  • Requêtes ultra-spécifiques (longue traîne < 500 recherches/mois)
  • Contenu basé sur l'expérience réelle (études de cas, données propres, retours terrain)
  • Sites de niche avec autorité démontrée (backlinks de qualité, historique long)

Étape 1 : Identifier une niche rentable

  • Volume de recherche suffisant (cumul de 100+ requêtes longue traîne = 10-50k recherches/mois)
  • Faible concurrence (Domain Authority < 40 sur les 10 premiers résultats)
  • Monétisation claire (affiliation, produits, services)

Outil : Ahrefs, SEMrush, ou Ubersuggest pour l'analyse

Étape 2 : Créer 20-30 pages piliers en 6 mois

  • Format : 2000-3000 mots par article
  • Structure : réponse directe en début d'article (pour les AI Overviews), développement approfondi ensuite
  • Données structurées : Schema.org (FAQ, HowTo, Article)

Étape 3 : Mesurer et ajuster

  • Trafic organique à 6 mois (si < 1000 visiteurs/mois : problème de contenu ou de concurrence)
  • Taux de conversion (visiteur → email ou achat)
  • ROI temps investi vs revenus générés

Cas d'usage réel :Un site de niche sur "le matériel de bikepacking" peut cibler :

  • "sac de guidon étanche bikepacking" (150 recherches/mois)
  • "meilleur GPS vélo longue autonomie" (200 recherches/mois)
  • "comment organiser sacoches vélo voyage" (80 recherches/mois)

Avec 50 articles de ce type, il peut espérer 5-10k visiteurs/mois après 12 mois, et monétiser via affiliation matériel (commissions 5-10% sur des achats moyens de 100-500€).

Revenu potentiel : 1000-3000€/mois.

3. Créer du contenu que l'IA ne peut pas générer

Les IA sont excellentes pour synthétiser des infos publiques. Elles sont nulles pour :

  • Raconter des expériences vécues
  • Analyser des données propriétaires
  • Donner des avis tranchés basés sur l'expertise

Types de contenu  :

1. Études de cas détaillées

Format : "Comment j'ai [résultat concret] en [durée] : analyse complète avec chiffres, erreurs, et leçons"

Exemple : "Comment j'ai généré 50k€ de CA avec une boutique Shopify en 6 mois : budget, sources de trafic, erreurs à éviter"

2. Données propriétaires

  • Sondages internes
  • Benchmarks sectoriels
  • Analyses de datasets publics (mais avec un angle original)

Exemple : "Analyse de 10 000 annonces Google Ads en 2025 : les patterns qui convertissent vraiment"

3. Comparaisons terrain

Format : "J'ai testé 10 [produits/outils/méthodes] pendant [durée] : voici les résultats"

Exemple : "J'ai testé 10 outils de cold email pendant 3 mois : taux de délivrabilité, coût réel, ROI"

4. Documentation technique approfondie

Les IA sont mauvaises sur les cas edge, les bugs spécifiques, les configurations complexes.

Exemple : "Configurer Next.js 14 avec Supabase et Stripe : guide complet 2025 (avec les vrais problèmes et leurs solutions)"

Pourquoi ça marche :

  • Google (et les autres IA) citent ces contenus comme sources
  • Les utilisateurs partagent naturellement (valeur réelle)
  • Ça construit une autorité durable

4. Monétiser autrement que par la pub display

Si vous comptez encore sur Google AdSense ou les réseaux display classiques pour vivre, vous êtes déjà mort économiquement.

Alternatives  :

Option A : Affiliation directe avec les marques

Évitez les plateformes (Amazon Associates, Commission Junction). Négociez directement avec les marques pour des commissions 2-3x plus élevées.

Exemple : Au lieu de 3% sur Amazon, négociez 10-15% en direct avec la marque.

Option B : Vente de produits/services dérivés

  • Formations en ligne (50-500€)
  • Consulting (100-300€/h)
  • Templates/outils (10-50€)
  • Livres numériques (10-30€)

Benchmark : avec 5000 visiteurs/mois et un taux de conversion de 1%, vous vendez 50 produits/mois. À 50€/produit = 2500€/mois.

Option C : Sponsoring direct

Si vous avez une audience qualifiée (B2B, tech, finance), les marques paient 500-5000€ pour un article sponsorisé ou un placement.

Option D : Modèle freemium/premium

  • Contenu gratuit pour attirer
  • Contenu premium payant (analyses approfondies, données exclusives, accès communauté)

Exemple : 10% de vos lecteurs passent en premium à 10€/mois = avec 1000 lecteurs actifs, ça fait 1000€/mois récurrent.

Les erreurs à ne pas faire

Avant de conclure, voici les pièges classiques qui tuent 90% des projets sur l'open web.

Erreur 1 : Attendre le trafic avant de monétiser

Ne comptez pas sur "je vais faire du trafic, puis je monétiserai". Définissez votre modèle économique AVANT de produire du contenu.

Erreur 2 : Copier les modèles qui ne marchent plus

"Je vais faire un blog lifestyle avec de la pub display" = mort assurée. Les CPM sont trop bas, la concurrence trop forte.

Erreur 3 : Sous-estimer le temps nécessaire

Construire une audience prend 12-24 mois minimum. Si vous n'êtes pas prêt à investir ce temps sans ROI immédiat, ne commencez pas.

Erreur 4 : Ne pas mesurer

Sans tracking propre (GA4 + CRM + attribution claire), vous pilotez à l'aveugle. Investissez dans une stack de mesure dès le départ.

Erreur 5 : Abandonner la newsletter

80% des gens créent une newsletter, envoient 3 emails, et arrêtent. La régularité est la seule chose qui compte.

Conclusion : l'open web survit par l'indépendance

L'open web ne ressemble plus à ce qu'il était en 2010. Et c'est normal.

Le modèle "faire du contenu → attendre du trafic Google → monétiser en pub display" est obsolète depuis 2020.

Ce qui marche aujourd'hui, c'est :

  • Posséder sa distribution (email, abonnés, communauté)
  • Monétiser directement (produits, services, abonnements)
  • Créer du contenu impossible à générer par IA (expérience, données propres, expertise)
  • Tenir sur la durée (12-24 mois minimum)

Les acteurs qui survivent ne sont pas ceux qui ont le plus de trafic, mais ceux qui ont l'audience la plus fidèle et la monétisation la plus directe.

L'open web est toujours là. Il est juste devenu un business de niche, pas de masse.

MISE A JOUR
October 14, 2025
CATEGORIE
Marketing

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